d’épaissir et de dessécher certains vins pour les conserver très-long-tems : Aristote nous dit expressément que les vins d’Arcadie se desséchoient tellement dans les outres, qu’il falloit les racler et les delayer dans l’eau pour les disposer à servir de boisson : ita exsiccatur in utribus ut derasum bibatur. Pline parle de vins gardés pendant cent ans, qui s’étoient épaissis comme du miel, et qu’on ne pouvoit boire qu’en les délayant dans l’eau chaude et les coulant à travers un linge : c’est ce qu’on appeloit saccatio vinorum. Martial conseille de filtrer le Cécube :
Turbida sollicito transmittere Cœcuba sacco.
Galien parle de quelques vins d’Asie qui, mis dans de grandes bouteilles qu’on suspendoit au coin des cheminées, acquéroient par l’évaporation la dureté du sel. C’étoit là l’opération qu’on appeloit fumarium.
C’étoit sans doute des vins de cette nature que les anciens conservoient au plus haut des maisons et dans des expositions au Midi : ces lieux étoient désignés par les mots : horreum vinarium, apotheca vinaria.
Mais tous ces faits ne peuvent appartenir qu’à des vins doux, épais, peu fermentés, ou à des sucs non-altérés et rapprochés ; ce sont des extraits plutôt que des liqueurs ; et peut-être