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sur le Vin.

pas éprouver une fermentation qui le convertisse en une boisson agréable.

Il en est de la vigne par rapport au climat, comme de toutes les autres productions végétales. Nous trouverons vers le nord une végétation vigoureuse, des plantes bien nourries et très-succulentes, tandis que le midi ne nous offre que des productions chargées d’arome, de résine et d’huile volatile. Ici tout se convertit en esprit ; là tout est employé pour la force. Ces caractères très-marqués dans la végétation se répètent jusque dans les phénomènes de l’animalisation, où l’esprit, la sensibilité, paroissent être l’apanage des climats du midi, tandis que la force paroît être l’attribut de l’habitant du nord.

Les voyageurs anglais ont observé que quelques végétaux insipides du Groënland acquéroient du goût et de l’odeur dans les jardins de Londres. Reynier a vu que le mélilot, qui a une odeur pénétrante dans les pays chauds, n’en conservoit aucune en Hollande. Tout le monde sait que le venin très-exalté de certaines plantes et de plusieurs animaux s’éteint et s’émousse progressivement dans les individus qui se nourrissent dans des climats plus voisins du nord.

Le sucre lui-même paroît ne se développer d’une manière complète dans quelques végétaux, que dans les pays chauds ; la canne à sucre,