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Essai

Article II.
Du Vin considéré dans ses rapports avec le sol.

La vigne croît par-tout : et, si l’on pouvoit juger de la qualité du vin par la vigueur de la végétation, ce seroit aux terreins gras, humides et bien fumés qu’on en confieroit la culture. Mais l’expérience nous a appris que presque jamais la bonté du vin n’est en rapport avec la force de la vigne ; l’on diroit que la nature, jalouse de répartir et d’affecter à chaque qualité de terre un genre particulier de production, a réservé les terreins secs et légers pour la vigne, et a confié la culture des grains aux terres grasses et bien nourries :

Hic segetes, illic veniunt feliciùs uvæ.

C’est par une suite de cette admirable distribution, que l’agriculture couvre de produits variés la surface de notre planète ; et il ne s’agit que de ne pas interrompre l’ordre naturel, et d’appliquer à chaque lieu la culture qui lui convient, pour obtenir presque par-tout des récoltes fécondes et variées.

Nec verò terræ ferre omnes omnia possunt :
Nascuntur steriles saxosis montibus orni ;
Littora myrtetis lœtissima : deniquè apertos
Bacchus amat colles………