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Essai

d’année en année, et parviennent péniblement à maturité. Ce n’est plus cette plante vigoureuse dont la végétation annuelle couvroit le sol à une grande distance ; ce ne sont plus ces grappes de raisin bien nourries, qui nous présentoient un aliment sain et sucré. C’est un individu rabougri, dont les fruits, aussi foibles que mauvais, attestent l’état de langueur et de dépérissement où il se trouve. Qui a produit tous ces changemens ? Le manque de culture.

Nous pouvons donc regarder la bonne qualité du terrein comme l’ouvrage de la nature : tout l’art consiste à le remuer, à le tourner à plusieurs reprises et à des époques favorables. Par ce moyen, on le nétoie de toutes les plantes nuisibles, on le dispose à mieux recevoir l’eau et à la transmettre plus aisément à la plante ; on fait pénétrer l’air avec plus d’aisance ; et, sous tous ces rapports, on réunit toutes les conditions nécessaires pour une végétation convenable. Mais lorsque, par des spéculations particulières, on a intérêt à obtenir un vin abondant, et qu’à cette considération, on peut sacrifier la qualité, alors on peut fumer la vigne, donner au cep plus de rejetons, et réunir toutes les causes qui peuvent multiplier le raisin.