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sur le Vin.

la saveur de la liqueur quoique très-sucrée, n’avoit rien de flatteur, parce que le doux et l’aigre s’y faisoient sentir assez vivement et séparément, d’une manière désagréable.

» J’ai mis cette espèce de moût dans une cruche qui n’en étoit pas entièrement pleine, couverte d’un simple linge ; et la saison étant déjà très froide, je l’ai placée, dans une salle où la chaleur étoit presque toujours de 12 à 13 degrés, par le moyen d’un poële.

» Quatre jours après, la fermentation n’étoit pas encore bien sensible ; la liqueur me paroissoit tout aussi sucrée et tout aussi acide ; mais ces deux saveurs commençant à être mieux combinées, il en résultoit un tout plus agréable au goût.

» Le 14 novembre, la fermentation étoit dans sa force ; une bougie allumée introduite dans le vide de la cruche s’y éteignoit aussitôt.

» Le 30, la fermentation sensible étoit entièrement cessée, la bougie ne s’éteignoit plus dans l’intérieur de la cruche ; le vin qui en avoit résulté étoit néanmoins très-trouble et blanchâtre ; sa saveur n’avoit presque plus rien de sucré ; elle étoit vive, piquante, assez agréable, comme celle d’un vin généreux et chaud, mais un peu gazeux et un peu vert.