les siennes, qu’il vulgarise ainsi ; son mérite propre est d’avoir trouvé le moyen de les rendre populaires dans les ateliers et d’avoir, pour ainsi dire, forcé par persuasion les industriels les plus ignorants à les étudier et à les appliquer. Ce n’est pas le premier exemple de cette vérité, qu’il faut parfois obliger les gens à s’enrichir malgré eux. Le titre de chimiste, jusqu’alors si dédaigné, surtout par les industriels, pour qui il ne représentait que quelque chose de chimérique, fut revêtu depuis ce moment d’un prestige extraordinaire[1]. Ce sont les élèves des savants que je viens de citer, auxquels il faut ajouter Guyton de Morveau, Darcet, etc. ; ce sont les élèves de l’École polytechnique et des Écoles d’arts et métiers, celles-là créées par Chaptal, qui, employés dans les fabriques, contribuèrent le plus à donner à notre industrie la première place en Europe. Voilà tout le secret de cet essor économique de la France, si étonnant parce qu’il se produit au milieu de tous les obstacles suscités par les guerres de Napoléon et sa lutte avec l’Angleterre. À cette époque, « la France ne connaît pas de rivale
- ↑ « Le titre de chimiste était presque un opprobre. » (Julia-Fontenelle, secrétaire perpétuel de la Société des sciences physiques, chimiques et arts industriels de Paris. Éloge de Chaptal.)
la teinture du coton en rouge d’Andrinople, les perfectionnements introduits dans la préparation de l’acide sulfurique, dans la teinture, dans la fabrication du savon, dans le vernis des poteries, etc. » (Notice sur Chaptal, par le baron de Gérando, lue à la séance générale de la Société d’encouragement, le 22 août 1832.)