Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/125

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resté trois, un fils et deux filles, la première mariée au baron de Laage, la seconde au marquis de la Tourrette. La première, Virginie, paraît être la fille préférée de son père. Voici le portrait qu’il trace d’elle et qu’il adresse à son mari : « Je vous assure que, si vous avez de l’affection pour elle, elle vous paye bien de retour. C’est un être essentiellement aimant et qu’on ne parviendra jamais à gâter : elle serait même la plus malheureuse des créatures, si elle ne trouvait pas dans ceux qui l’entourent de quoi nourrir ses sentiments de bonté, de douceur, d’aménité et de délicatesse. » Le caractère de sa fille Virginie était un miroir où il se reconnaissait lui-même : un des traits de sa physionomie morale que je note en effet parmi ceux que ses contemporains et ses amis lui reconnaissaient, c’est qu’il n’était pas seulement bon, bienveillant : il avait un caractère aimant.

Mon arrière-grand-père, haut dignitaire de la franc-maçonnerie, n’avait guère de religion, comme une grande partie des hommes qui ont traversé la Révolution. Mais la piété profonde de sa femme et de sa fille Virginie lui inspirait une grande admiration, et la religion de cette dernière le touchait encore plus. Sa fille incarnait à ses yeux le sentiment religieux. Un jour, ses devoirs de président d’une des nombreuses sociétés dont il faisait partie l’obligent d’assister à une grand’messe à Notre-Dame et à