Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/135

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çaise, publié quelques années plus tard, il reconnaît, il est vrai, que, sans les guerres qu’a eu à soutenir la France révolutionnaire pour défendre son indépendance, jamais elle n’aurait tiré de son sol toutes les richesses inconnues que la chimie y a découvertes. Pendant cette période, la guerre avait été, en définitive, un bienfait. À ce point de vue économique, les guerres de Napoléon, empereur, ont eu un tout autre caractère. Si elles nous ont mis en mesure, ou à peu près, de nous passer du sucre et de l’indigo des Indes et du nouveau monde, tout bien pesé, c’est à cela que se bornent les victoires industrielles qu’elles nous ont fait remporter. Chaptal a aidé l’Empereur à tirer parti d’une situation donnée. Il n’avait rien d’un théoricien absolu ; il pensait qu’un économiste devenu homme d’État devait faire bon marché des principes, si les circonstances l’exigeaient. C’est ainsi qu’en 1802[1] il a conseillé au premier Consul de conclure un traité de commerce avec l’Angleterre, alors que, dans ses ouvrages, il blâme, en général, l’usage des conventions diplomatiques de ce genre.

C’est qu’en effet il aurait mille fois mieux aimé que notre querelle avec les Anglais pût se résoudre

  1. Il y a, aux Archives nationales, un dossier contenant différentes pièces relatives à un projet de traité de commerce avec l’Angleterre, en août 1802. Le dossier renferme un mémoire remarquable de Chaptal.