Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/209

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L’ennemi était maître sur le Rhin et en Italie. La Vendée faisait des progrès. L’inquiétude, l’agitation, le mécontentement étaient partout à leur comble. Les cinq membres du Directoire, divisés d’opinion ou d’intérêt, n’avaient ni assez de force ni assez d’ensemble pour comprimer les partis, étouffer les passions et suivre une marche ferme et uniforme. Si les sociétés populaires n’existaient plus, les éléments en étaient encore partout. Les chefs du parti populaire dominaient dans les administrations ; leurs principes, incompatibles avec la marche d’un gouvernement régulier et conforme aux lois, présentaient des obstacles et mettaient des entraves à l’exécution de toutes les mesures ordonnées par l’autorité. Ce gouvernement n’était point tyrannique et atroce comme celui du Comité de salut public qui l’avait précédé, mais il portait avec lui les germes d’une dissolution générale. En effet, le pouvoir exécutif, confié à un conseil de cinq personnes, ne peut point avoir cette unité, ni cette force, ni ce secret, ni cette activité qui sont inséparables de l’action.