Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/215

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tard que Napoléon tendait à gouverner par sa volonté. Les hommes sages de ce corps sentaient à la fois, et le danger de lui résister, et le mal qui résultait des mesures qu’il provoquait. Ils étaient convenus de laisser dormir la constitution, devenue un frein impuissant qu’il aurait brisé, et d’attendre des moments plus heureux pour la remettre dans toute son activité. Cette conduite de la part du Sénat était d’autant plus naturelle que Bonaparte eût pu le dissoudre sans résistance, en présentant cette mesure comme par motif d’économie. Bonaparte ne rencontrait pas plus d’obstacles près du Corps législatif, qui adoptait ses lois presque sans discussion. La force armée était toute dans ses mains et toujours disposée à exécuter ses ordres, de sorte qu’il était parvenu au point de ne trouver de l’opposition nulle part. Souvent même, il lui est arrivé, dans son conseil d’État, de fermer la discussion qu’il avait lui-même provoquée, et d’insulter avec aigreur ceux qui avaient l’air d’élever quelque doute sur la bonté d’une de