Il m’a dit plusieurs fois :
« La France connaît mal ma position, et c’est pour cela qu’elle juge tout de travers la plupart des actes qui émanent de moi. Cinq ou six familles se partagent les trônes de l’Europe, et elles voient avec douleur qu’un Corse est venu s’asseoir sur l’un d’eux. Je ne puis m’y maintenir que par la force ; je ne puis les accoutumer à me regarder comme leur égal qu’en les tenant sous le joug ; mon empire est détruit, si je cesse d’être redoutable. Je ne puis donc laisser rien entreprendre sans le réprimer. Je ne puis pas permettre qu’on me menace sans frapper. Ce qui serait indifférent pour un roi de vieille race est très sérieux pour moi. Je me maintiendrai dans cette attitude tant que je vivrai, et si mon fils n’est pas grand capitaine, s’il ne me reproduit pas, il descendra du trône où je l’aurai élevé, car il faut plus d’un homme pour consolider une monarchie. Louis XIV, après tant de victoires, eût perdu son sceptre à la fin de ses jours, s’il n’en eût