Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/219

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pas hérité d’une longue suite de rois. Entre les anciens souverains, une guerre n’a jamais pour but que de démembrer une province ou d’enlever une place ; il s’agit toujours, avec moi, de mon existence et de celle de tout l’empire.

« Au dedans, ma position ne ressemble en rien à celle des anciens souverains. Ils peuvent vivre avec indolence dans leurs châteaux ; ils peuvent se livrer sans pudeur à tous les écarts d’une vie déréglée ; personne ne conteste leurs droits de légitimité ; personne ne pense à les remplacer ; personne ne les accuse d’être ingrats, parce que personne n’a concouru à les élever sur le trône. Quant à moi, c’est tout différent : il n’y a pas de général qui ne se croie les mêmes droits au trône que moi. Il n’y a pas d’homme influent qui ne croie m’avoir tracé ma marche au 18 brumaire. Je suis donc obligé d’être très sévère vis-à-vis de ces hommes-là. Si je me familiarisais avec eux, ils partageraient bientôt ma puissance et le trésor