Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/257

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termes : « Ces jeunes gens sont coupables, sans doute, mais si vous tardiez jusqu’à demain pour envoyer le décret ? Les coupables ne fuiront pas ; je les connais tous ; ils appartiennent aux premières maisons de la ville. Le ministre de l’intérieur recevra des nouvelles qu’il vous apportera tout de suite, et vous serez plus instruit. » — « Maret, dit Bonaparte, envoyez dans vos bureaux pour qu’on n’expédie que d’après de nouveaux ordres. »

Je reçus mon courrier à huit heures du matin. Le préfet me disait que six jeunes gens passant devant une sentinelle, l’un d’eux s’arrêta pour verser de l’eau et les autres marchèrent ; la sentinelle courut enfoncer sa baïonnette dans les cuisses de ce dernier. Ce jeune homme tomba ; ses camarades désarmèrent la sentinelle et portèrent le fusil au corps de garde. Je communiquai ces détails au premier Consul, qui ne donna aucune suite à l’événement.

Je n’ai jamais vu Bonaparte agité d’une colère pareille à celle qu’il éprouva lorsqu’il apprit que son frère Lucien s’était marié à Senlis