Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/274

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transporter de nos carrières une masse énorme de granit qui eût fixé les yeux de la postérité, et sur la difficulté vaincue des transports, et sur la grandeur de l’exécution, on entassait couche sur couche de petites pierres ; ce qui annonce une dépense d’argent, mais ne démontre jamais ni la force, ni le génie, ni la majesté d’une grande nation. Denon a voulu singer l’Empereur dans tous ses travers. Plein de lui-même, de simple amateur il s’est placé au rang des peintres et des architectes. Il a voulu commander et diriger des hommes qui n’étaient pas faits pour se plier à ses caprices, et il ne s’est entouré que d’une médiocrité servile d’après laquelle on jugera très mal de l’état de nos arts sous le règne de Napoléon.

L’Empereur ordonnait, mais il était indifférent sur le mode d’exécution, parce qu’il manquait de goût pour juger par lui-même, et que, ne pouvant pas apprécier le mérite d’un artiste, il était toujours disposé à croire que celui qui avait sa confiance était le meilleur.