Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/275

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Napoléon n’estimait point les commerçants. Il disait que le commerce dessèche l’âme, par une âpreté constante de gain, et il ajoutait que le commerçant n’a ni foi ni patrie. Cette opinion s’était naturellement formée chez lui par l’opposition constante que le commerce a manifestée à ses projets d’ambition et de conquêtes. Sous le règne de Napoléon, aucune classe de la société n’a eu plus à souffrir que le commerce, qui ne prospère que dans la paix et sous des lois fixes et protectrices. Or, Napoléon a été constamment en guerre, et ses lois variaient au gré de ses caprices, de sorte que les opérations du commerce n’ont jamais pu être calculées sur des bases solides et ont été constamment des jeux du hasard. Dans cet état de choses, il était difficile que le commerçant prît de la confiance, et c’est la raison du jugement sévère que Napoléon avait porté sur lui.

Accoutumé à tout faire plier sous ses ordres, il s’indignait de la résistance qu’opposait le commerce à ses vues. Il eût voulu le diriger au gré de ses fantaisies. Tantôt il lui prescrivait