Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/276

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un débouché pour ses expéditions sans avoir calculé ni les dangers, ni les besoins, ni les avantages des retours ; tantôt il lui traçait une ligne à suivre pour faire arriver les produits du dehors, comme il a fait, par exemple, pour les cotons du Levant, que le commerce recevait par Vienne et qu’il assujettit à arriver par Trieste ; tantôt il désignait les seuls objets qu’il convenait d’importer et ceux qu’il fallait exporter ; en un mot, il prétendait le faire manœuvrer comme un bataillon et exigeait de lui une soumission aussi passive. Il a été même plus loin, car pendant quelque temps il désigna lui-même les seules maisons qui pouvaient expédier tel ou tel article dans tel ou tel pays, et prescrivait les objets qu’on devait importer en retour.

Napoléon ne se bornait pas à vouloir disposer ainsi arbitrairement du commerce. Comme il n’était jamais esclave ni de sa parole ni de ses décrets, il lui est arrivé souvent de contremander l’importation ou l’exportation d’un article, sous le spécieux prétexte que les Anglais en avaient besoin. Je l’ai vu, plusieurs