Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/301

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« Il suffit d’être juste avec des Français. Il faut être sévère avec des étrangers. »


L’Empereur racontait un jour que, la veille de la bataille d’Austerlitz, il passait en revue un corps de grenadiers. Il en menaça un des arrêts par rapport à sa mauvaise tenue ; ce soldat lui répliqua : « C’est trop peu que les arrêts, mais destituez-moi, pourvu toutefois que ce soit après-demain, car je ne veux pas être déshonoré. »

Il ajoutait qu’au fameux passage du pont de Lodi, il parcourait le front d’une demi-brigade qui recevait le feu de l’ennemi, et l’encouragea à tenir ferme. Un soldat l’apostropha en lui disant : « Vous nous faites périr en détail ; sacrifiez ma brigade ; les autres nous passeront sur le corps et, en moins d’une demi-heure, la victoire est à vous. » Après le passage opéré de cette manière, il fit chercher le soldat, qui n’existait plus. « Il y avait déjà là, disait-il, le courage et la tête d’un grand capitaine. »