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Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/31

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maison de commerce de mon beau-père, et je fus chargé de diriger les opérations de la teinture en coton. Cet art, nouveau pour la France, reçut en mes mains de grandes et importantes améliorations.

La ville de Montpellier avait formé d’immenses fabriques de mouchoirs et tissus de coton. On avait fait venir du Levant deux ou trois teinturiers pour teindre les fils en rouge dit d’Andrinople. Le procédé était un secret. Je parvins à le découvrir et à établir une teinture où le rouge et toutes les nuances qui en dérivent furent perfectionnés et devinrent des procédés publics.

Je crois être le premier en France qui ait appliqué, dans toute son étendue, les connaissances chimiques aux arts ; j’ai nationalisé quelques procédés inconnus jusqu’à moi ; j’en ai créé plusieurs et perfectionné un plus grand nombre. À mon exemple, beaucoup d’autres chimistes ont formé de grands établissements, et c’est à cette heureuse révolution que nous devons la conquête de plusieurs arts et le perfectionnement de tous. Jamais science n’a rendu de plus grands services au commerce et à l’industrie que la chimie dans ces derniers temps.

Ces occupations manufacturières ne me détournaient point de l’enseignement ; mes cours étaient si suivis que mon amour-propre ne m’eût pas permis de me relâcher ; je rédigeai même des mémoi-