Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/319

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nées entières avec lui, et le temps était tout employé en promenades, jeux et conversations.

Alors, Bonaparte était vraiment grand et estimé. Le souvenir de ses victoires, la comparaison de l’état anarchique, d’où l’on sortait à peine, avec le nouvel ordre de choses, qui donnait alors des garanties et une véritable liberté, lui captait tous les cœurs. Bonaparte lui-même paraissait heureux ; il goûtait à la fois le charme de la vie domestique, embellie par les qualités aimables de sa première compagne et par l’amour d’un peuple naturellement bon, qui lui devait la terminaison de ses longues agitations. Bonaparte était alors estimé et considéré au dehors. Et s’il eût su borner là son ambition, il serait encore sur le trône de France, entouré des bénédictions publiques.

Mais la Providence en avait décidé autrement. Le titre modeste de premier Consul lui parut au-dessous de ses prétentions. Il voulut établir une dynastie et fonder un empire. Il refondit alors nos institutions et s’arrogea des prérogatives qui, jusque-là, avaient appartenu