Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/320

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aux grands corps. Il s’isola des hommes qui jusque-là avaient vécu avec lui dans une sorte de familiarité. Il établit une étiquette sévère à sa cour. Il y créa, pour ses courtisans, un luxe de costumes qu’on n’avait jamais vu dans les cours les plus somptueuses. Ces innovations opérèrent un changement funeste dans l’opinion publique. Les hommes qui s’intéressaient à lui presque autant qu’à leur pays s’éloignèrent, et, dès ce moment, il n’eut plus que des flatteurs autour de lui. Sa volonté devint la loi suprême ; ses décrets étaient proclamés par ses courtisans comme des oracles ; la moindre observation était punie comme insurrection ; la partie saine de la nation se tut et se borna à gémir ; les corps, qui n’étaient consultés que pour donner une apparence de forme aux actes de sa volonté, furent avilis : ainsi se forma et se consolida le despotisme le plus affreux qui ait pesé sur des hommes. Une fois parvenu à comprimer la nation, son ambition ne connut plus de bornes. Il prétendit, dans son délire, devenir le maître du monde ; et, dans l’espace de six à