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Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/321

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sept ans, il parvint, en effet, à mettre sous sa domination presque toute l’Europe, et il eût exécuté ce projet gigantesque si l’opinion publique de la France, qui s’était tournée contre lui, ne se fût pas réunie aux efforts de l’Europe coalisée pour le renverser.

Napoléon a connu sa position, mais il l’a connue trop tard. Il a cru la France inépuisable dans son affection comme dans ses ressources ; il a mal jugé, à la fois, et sa nation et les étrangers. Il a cru que la première ne l’abandonnerait pas, et que ses ennemis n’oseraient pas s’engager dans l’intérieur du royaume ; il n’a été détrompé que lorsqu’il n’y avait plus de remède. Et il a eu la douleur de voir, dans la campagne de 1814, que les Français appelaient la domination des étrangers pour se délivrer de la sienne.

Au moment où les étrangers s’ébranlaient pour marcher sur la France, Napoléon me dit un jour avec chaleur : « Misérables ! ils ne voient pas que j’ai éteint les révolutions, et travaillé vingt ans à consolider la monarchie.