Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/330

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manière de vivre. Il n’avait rien de fixe pour ses repas ni pour son sommeil. Je l’ai vu dîner à cinq heures et à onze. Je l’ai vu se coucher à huit heures du soir et à quatre ou cinq heures du matin. Ce n’était point toujours la nature ou l’importance de son travail qui amenait ces bizarreries ; c’était souvent un système qu’il se faisait : ainsi, pendant six mois, il s’était fait une loi de ne dîner qu’à la nuit tombante. Plus souvent, c’était le besoin qu’il éprouvait de manger ou de dormir qui variait ses heures de repas ou de sommeil. Quelquefois, il dormait huit ou dix heures ; d’autres fois, à peine couché, il se levait et travaillait toute la nuit.

Napoléon était très sobre et n’avait aucune prédilection pour tel ou tel aliment. En se mettant à table, il s’emparait d’un plat et bornait là son repas. Il était rarement à table plus de dix à douze minutes, à moins que la conversation ne lui plût. Il lui arrivait souvent de se lever de table et de laisser des convives affamés qui avaient à peine eu le temps de déplier leurs