Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/343

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Dans une bataille dont l’issue tenait à une belle charge de cavalerie, il ordonna au général Nansouty de charger à la tête de la cavalerie de la garde en disant : « Plutôt que de ne pas enfoncer l’ennemi, faites-les périr tous, je ne les ai pas dorés pour eux. »

Lorsqu’on lui annonça que le général de Latour-Maubourg venait d’avoir la cuisse emportée, il se borna à demander froidement : « Qui le remplace ? »

Se promenant sur le champ de bataille d’Eylau, couvert de vingt-neuf mille cadavres, il les retournait avec le pied et disait aux généraux qui l’entouraient : « C’est de la petite espèce. »

À son retour de la déroute de Leipzig, il accoste M. Laplace : « Ah ! vous avez bien maigri. — Sire, j’ai perdu ma fille. — Oh ! il n’y a pas de quoi maigrir. Vous êtes géomètre ; soumettez cet événement au calcul, et vous verrez que tout cela égale zéro. »

C’est à cette insensibilité qu’on doit rapporter plusieurs des actions de sa vie. Il m’a dit sou-