Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/346

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deux millions qu’on lui avait assignée en France. Il s’est constamment refusé à toutes les propositions d’honneurs et de fortune qui lui ont été faites.

Lucien avait beaucoup d’esprit, des connaissances et beaucoup de caractère ; il s’est brouillé de bonne heure avec son frère Napoléon, parce qu’il n’a jamais voulu plier sous ses principes ni sous sa volonté. Il se croyait fait pour occuper le premier rang et s’indignait de se trouver en seconde ligne. On a mal à propos attribué son éloignement à son peu d’ambition ; il a reparu dès qu’il a cru qu’il pouvait jouer un grand rôle, et lorsqu’il s’est rendu à Paris, après le retour de son frère, il a cru pouvoir le forcer à abdiquer, à établir une régence et à s’en faire élire président.

Jérôme avait de l’esprit naturel, mais il est difficile de trouver un jeune homme plus orgueilleux, plus mal élevé, plus ignorant et plus ambitieux. Lorsque son frère fut placé à la tête du gouvernement, il avait à peine douze ans, et il a été nourri, depuis cette époque, dans