Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/366

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

protégés de quelque général en faveur qui les obtenaient. Il s’embarrassait peu qu’ils eussent les talents nécessaires ; il les nommait sans les connaître. Ainsi, d’un général disgracié, d’un colonel qui avait perdu une jambe, il faisait des receveurs généraux à Nîmes et à Rouen. Depuis six ou huit ans, il ne s’occupait même plus de nominations au conseil des ministres. Il faisait remettre les portefeuilles à M. Maret, secrétaire d’État ; celui-ci profitait d’un moment pour obtenir des signatures, et il s’était arrogé un tel empire qu’il était parvenu non seulement à placer tous ses amis et parents, mais même tous ceux que ses connaissances lui recommandaient. Il fallait d’autant plus d’adresse pour en arriver à ce point, que Napoléon se défiait de ses alentours et qu’il craignait par-dessus tout qu’on crût qu’il pouvait être mené.

Lorsque l’Empereur croyait s’être attaché le chef d’une famille, il se montrait très économe de ses largesses pour les autres individus qui la composaient. Il réservait ses faveurs