Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/367

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pour attirer à lui d’autres familles qui paraissaient s’en éloigner. C’est surtout dans les places à la Cour qu’on voyait cette politique dans tout son jour. Il y avait appelé un des membres de presque toutes les familles anciennes, et il disait assez plaisamment qu’il en avait peuplé ses antichambres. En causant un jour avec une dame d’une grande maison de l’ancien régime qu’il avait attachée à l’Impératrice, il lui échappa de dire à cette dame qu’il n’y avait que les individus de sa caste qui sussent servir.

Il suivait rarement l’impulsion qu’on lui donnait, et j’ai vu combien il a fallu d’artifices pendant trois ou quatre jours pour le décider à ordonner la mort du duc d’Enghien ; ceux qu’on accuse n’ont été que des agents forcés du crime ; les vrais coupables ont trouvé le moyen de s’échapper de la scène. J’ai tout vu.