Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/372

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ensuite toutes les autorités constituées et causa avec elles pendant six heures.

Il invita à dîner les chefs des principales autorités. Pendant le repas, Napoléon fit tomber la conversation sur le traité de commerce de 1789 avec les Anglais, qu’il improuva beaucoup. M. Beugnot, préfet, en prit la défense ; la dispute s’échauffa, et lorsque je vis qu’elle commençait à dépasser les bornes de la discussion, je pris la parole et je ramenai la question à son véritable point de vue, en faisant observer que les Anglais n’avaient pas agi de bonne foi dans l’exécution. Le premier Consul changea de conversation et parla de la campagne de Henri IV en Normandie. Le général Suchet, qui commandait à Rouen, parla de cette campagne avec une telle supériorité de talent que Napoléon l’écouta pendant une demi-heure sans mot dire. Après le dîner, le premier Consul me prit à part et me dit : « Vous m’avez présenté Beugnot comme un homme d’esprit ; c’est un pur idéologue. Je ne le chargerai jamais de conclure un