Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/383

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

maient, les arrestations se faisaient, les destitutions s’opéraient sans qu’il fût jamais possible d’en connaître la cause. Aussi, dans les derniers temps, les destitutions étaient un titre de gloire pour ceux qui en étaient l’objet, et rien n’annonce à un plus haut degré le peu d’estime qu’on a pour un souverain.

Napoléon aimait beaucoup les commérages. Plusieurs de ses agents intimes le tenaient au courant des anecdotes scandaleuses de la ville et de la Cour, et c’était encore dans ces sources impures qu’il puisait les préventions qu’il prenait contre quelques personnes.

Il avait toujours regardé le célèbre Humboldt comme un espion de la Prusse. Il lui a demandé cent fois son nom, quoiqu’il le connût parfaitement ; il ne lui a jamais parlé.

Il ordonna un jour à Savary, ministre de la police, de le faire sortir de Paris dans les vingt-quatre heures. L’ordre fut transmis à Humboldt, qui sur-le-champ vint me prier de parler à l’Empereur ; je me rendis à la soirée de Napoléon aux Tuileries ; selon son usage,