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Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/43

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Arrivé dans cette capitale, je fus assez surpris de trouver pour collègues les trois hommes que je viens de signaler. Je me rendis le soir même au Comité de salut public, et on m’y exposa la situa-

    Mais Chaptal avait cru devoir opposer un refus à l’invitation du Comité de salut public. Berthollet lui mande le 29 ventôse : « Quoique le refus que tu fais de venir occuper une place dans l’administration révolutionnaire des poudres et salpêtres m’ait affligé, mon cher ami, j’ai cependant tâché de le faire approuver par les membres du Comité de salut public. Mais ils m’ont paru bien décidés à te mettre en réquisition et à t’obliger à venir occuper le poste auquel ils pensent que tu es indispensable par tes talents et par ta réputation… » Et le 30 ventôse : « … Ton refus, ton retard nous nuisent beaucoup… Sais-tu que l’agence, avec tous ses moyens, ne pourra pas fabriquer plus de six millions de poudre dans l’année, et que nous en voulons, et que nous en ferons trente millions… » « Il s’agit bien de compromettre ta réputation ; ta réputation ne peut être compromise… le Comité de salut public te mettra sûrement en réquisition. » Le 9 floréal : « Le Comité de salut public n’a rien voulu entendre sur ton refus ; il sait que tu es fort utile dans ta mission… mais il a besoin de toi pour te placer au centre de l’action… Viens ici, tu auras derrière toi la force du Comité de salut public pour faire le bien et pour résister aux malveillances, s’il s’en montrait… Je crois qu’une plus grande résistance serait mal interprétée. »
    Une seconde lettre du Comité de salut public (3 germinal an II) lui montre en effet qu’il ne lui est plus permis de se dérober : « Lorsque tu nous as marqué par ta lettre, du 21 ventôse, que tu préférais la mission dont nous t’avons chargé aux fonctions que la Commission des armes et poudres t’a proposé de remplir dans l’administration révolutionnaire des poudres et salpêtres, tu ignorais sans doute que ta nomination était concertée avec le Comité de salut public. Nous avons reçu de fréquents témoignages de ton zèle et de ton activité dans l’inspection que nous t’avons confiée ; mais nous avons jugé que tu serais plus utile à la République en te plaçant au centre de l’action révolutionnaire que nous imprimons à la fabrication des salpêtres et poudres, et il est du devoir d’un bon citoyen de se dévouer à la République ; ainsi nous t’invitons à te rendre sans délai au poste auquel tu es appelé.

    « Les membres du Comité de salut public,
    « Signé : Carnot, Prieur. »