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tion : la campagne projetée par Carnot ne pouvait s’ouvrir ; la plupart de nos quatorze armées étaient arrêtées dans leur marche en avant, faute de poudre. Celle des Pyrénées-Occidentales avait été obligée de rétrograder pour le même motif. Il me fut enjoint, « sous ma responsabilité », de prendre mes mesures pour que, dans le délai d’un mois, la campagne pût s’ouvrir sur tous les points. Cet ordre me fut intimé par Robespierre, que je voyais pour la première fois.

Je me mis donc à l’œuvre, et dès lors fut imprimé ce beau mouvement qui couvrit la France d’ateliers de salpêtre. Cette matière arrivait à Paris de toutes parts. L’église de Saint-Germain des Prés en était presque remplie ; mais les procédés de raffinage connus et pratiqués jusqu’alors exigeaient au moins six mois, avant que le salpêtre pût être employé à la composition de la poudre. La fabrication de la poudre était aussi très lente par les procédés ordinaires, et les établissements ne pouvaient pas fournir le tiers de nos besoins les plus pressants.

Je me concertai avec MM. Berthollet, Monge, Fourcroy, Carny, Vandermonde, Guyton de Morveau, Prieur, etc., et, avec leur aide, j’imaginai et je mis en œuvre des procédés nouveaux et rapides pour le raffinage du salpêtre et la fabrication de la poudre. Pour la première opération, une raffinerie