Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mon lit, le lendemain matin, à six heures trois quarts. La secousse jeta au milieu de la chambre tous les meubles et tout ce qu’il y avait sur les tables ou sur la cheminée. J’étais logé à l’hôtel de l’administration, quai Malaquais.

Heureusement pour moi, le 9 thermidor avait changé les hommes du gouvernement. Robespierre avait péri ; deux de mes collègues dans l’administration avaient subi le même sort, le 10 thermidor. Sans cela, quel beau motif d’arrestation pour immoler une victime aux mânes des patriotes brûlés à Grenelle ! Déjà entaché de fédéralisme, absent de Grenelle pour la première fois depuis quatre mois, il eût paru évident que j’avais tout disposé, tout préparé pour cet épouvantable résultat. Et j’aurais payé de ma tête l’événement que j’avais prévu et que j’avais essayé de prévenir par toutes sortes d’avertissements donnés au Comité de salut public.

La catastrophe de Grenelle a été terrible ; mais elle a entraîné la mort de peu d’ouvriers domiciliés à Paris, car les sections ne m’envoyaient que les aboyeurs des clubs de province qui se rendaient à Paris pour y chercher pâture.

On accorda les deux tiers de leur journée à tous ceux des ouvriers qui viendraient les réclamer. Mais, sur une population de 2,432 individus, inscrits sur les registres, il ne s’en est présenté que 1,215 dans l’intervalle de deux mois et demi ; le reste