avait péri dans la poudrerie ou dans les hôpitaux.
Huit jours après, la raffinerie de l’église de Saint-Germain des Prés fut incendiée, et ce fut encore par l’imprévoyance du Comité de salut public.
Pendant cinq mois, nous avions séché le salpêtre raffiné dans des chaudières de cuivre, où la dessiccation se faisait à merveille : on persuada au Comité qu’une étuve serait plus convenable et plus économique ; l’ordre fut donné au député conventionnel qui surveillait l’établissement de la construire. J’eus beau observer qu’elle était inutile, que la chaleur d’une étuve ne pouvait sécher le salpêtre qu’à la longue ; mes observations ne furent pas écoutées, et l’étuve fut construite.
On ne tarda pas à se convaincre que la chaleur était insuffisante. On multiplia les poêles qu’on tenait toujours au rouge, et, dix jours après, l’incendie s’y développa sur tous les points. Les progrès en furent si rapides qu’on ne put pas garantir la précieuse bibliothèque de Saint-Germain, aussi riche en ouvrages imprimés qu’en manuscrits des Bénédictins à qui elle appartenait.
Ainsi périrent les deux plus beaux établissements qu’on ait formés pendant la Révolution.
Je frémis encore quand je pense que ma tête serait tombée sur l’échafaud après l’écrasement du fédéralisme, si le Comité de salut public n’avait pas eu besoin de moi pour diriger la fabrication