Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/60

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au traitement des malades avaient été dispersées. Des personnes vertueuses avaient beau se dévouer au service des pauvres, elles ne pouvaient remplacer dans tous les détails ces Sœurs hospitalières qui s’étaient vouées par état au soulagement de l’humanité.

Ces établissements étaient donc encore, en 1800, dans l’état de dénuement le plus déplorable : à Paris, l’entretien des hôpitaux et hospices était sous la main d’une régie dont l’intérêt était nécessairement opposé à celui des pauvres. Je pris bientôt connaissance de ce désordre et je me hâtai d’y porter remède.

Une visite que je fis à l’Hôtel-Dieu me détermina à commencer mes améliorations par cet hôpital, le plus important de tous et le plus mal tenu. Soixante fous, liés par les pieds et par les mains aux quatre pieds du lit, occupaient les salles supérieures. Leurs cris, qui pénétraient presque partout, ne permettaient aucun repos aux malades dans les salles voisines. Ces malheureux n’éprouvaient la charité publique que par un martyre qui ne finissait qu’à la mort. Les autres salles étaient occupées par environ deux mille malades de tout sexe, de tout âge, gisant, presque partout, deux à deux dans le même lit. Je m’assurai que le linge était insuffisant et dans le plus mauvais état, et que les vivres étaient tous de la plus mauvaise qualité.