Je rentrai chez moi le cœur navré et bien résolu à corriger de suite cet état de choses. J’appelai auprès de moi M. Barbier-Neuville, chef, au ministère, des hôpitaux et autres établissements de bienfaisance, et je lui fis connaître ma résolution : 1o de transporter, dès le lendemain, les fous de l’Hôtel-Dieu à Charenton et à Bicêtre, où l’on soignait déjà ces maladies ; 2o de préparer de suite un hôpital spécial pour y réunir et y traiter les seuls enfants malades ; 3o de ne plus admettre à l’Hôtel-Dieu que les malades adultes des deux sexes et de ne plus les y recevoir qu’après avoir fait constater à la porte l’état de la maladie. Je crus devoir établir un mode rigoureux d’admission, parce qu’il était notoire que plus de six cents individus venaient passer leur quartier d’hiver à l’Hôtel-Dieu et n’en sortaient que lorsque les chantiers se rouvraient au travail, ce qui encombrait l’hôpital.
Qui croirait que des mesures aussi sages éprouvèrent une grave opposition de la part de M. Barbier-Neuville, homme très instruit et très raisonnable ? Il m’observa que j’agissais contre l’institution fondamentale des Hôtels-Dieu, qui, par leur création, étaient destinés à admettre toutes sortes de malades, quelle que fût la maladie, sans distinction d’âge ni de sexe ; que je dénaturais ces établissements ; que les familles des fondateurs réclameraient contre l’inexécution des volontés des fonda-