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L’administration centrale, que le Comité de salut public avait formée à Paris pour diriger ce grand mouvement, était composée de trois membres de la fameuse municipalité de Paris : l’un était un ancien perruquier de la rue de Vaugirard nommé Müller ; l’autre, un marchand de maroquins du passage de la Reine de Hongrie, appelé Daubencourt, et le troisième, un clerc de procureur, nommé Caillot. Ces hommes reconnurent bientôt leur insuffisance et me demandèrent au Comité de salut public pour diriger cette entreprise.

Le courrier qui me portait l’arrêté de ma nomination me trouva à Carcassonne et me remit, en outre, une lettre de mon respectable ami M. Berthollet, qui m’inspira de la confiance. Je partis donc pour Paris[1].

  1. La lettre du Comité de salut public, qui le mande à Paris, est du 28 frimaire an Il : « … Les trois millions de salpêtre qu’on a retirés jusqu’ici par année sont bien éloignés de suffire aux guerres que nous avons à soutenir pour la liberté… La chimie est une des occupations humaines dont la République doit tirer un des plus puissants secours pour sa défense… Pars sur-le-champ au reçu de notre lettre pour te rendre à Paris. Tu y trouveras des frères et des amis qui brûlent du désir d’anéantir par tous les moyens possibles les tyrans qui nous font une guerre impie. Viens promptement ; tu es attendu avec impatience, et c’est au nom de la Patrie que nous t’invitons et qu’au besoin même nous t’enjoignons de te rendre à Paris. Nous te communiquerons ce que la République attend de ton zèle et de tes connaissances.
    « Les membres du Comité de salut public,
    « Signé : Carnot, Prieur. »

    Berthollet lui avait déjà écrit le 7 ventôse pour le prévenir que « la Roue de la Révolution allait l’appeler à d’autres fonctions ».