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Cette journée mémorable fut fixée au troiſième décadi de nivôſe ; l’ordonnance de la fête & les moyens d’exécution furent concertés & arrêtés par le Repréſentant du Peuple BOISSET & les Commiſſaires de la Société Populaire, qui aſſocièrent à leurs deſſeins les talens de deux artiſtes célèbres, Donat & Pajou.

Dès le 29, pluſieurs décharges d’artillerie annoncèrent au peuple la fête du lendemain : des ſommes conſidérables furent diſtribuées par les mains de BOISSET, à tous les citoyens peu fortunés de la commune, afin que dans une journée, conſacrée par l’allégreſſe publique, la miſère ne peſât ſur aucun individu, & que tous les cœurs fuſſent appelés à ſentir & à exprimer les mêmes ſentimens.

Le décadi, dès la pointe du jour, le tambour & le canon ſignalèrent l’aurore de cette belle journée. Un ciel pur & ſerein paroiſſoit annoncer une fête publique : le ſoleil le plus brillant éclairoit cette belle journée ; et l’on eût dit que toute la nature prenoit plaiſir à s’aſſocier à l’ardeur & à l’enthouſiaſme des républicains.

Vers les dix heures, le cortége partit de chez le Repréſentant du Peuple.

Les cinq cavaliers offerts à la Nation par la Société Populaire ouvroient la marche, ils étoient ſuivis d’un eſcadron d’Huſſards.

Dix pièces de canon avec leurs caiſſons & tout l’attirail militaire, entourées d’un demi bataillon d’artillerie, & eſcortées d’une compagnie de grenadiers & d’un détachement de chaſſeurs, venoient enſuite.

Dix tambours, ſur deux de front, précédoient la ſtatue de l’Agriculture : elle étoit traînée par quatre bœufs ; deux nymphes vêtues de blanc portoient les cornes d’abondance, & un grand nombre d’agriculteurs ornés de tous les outils néceſſaires aux travaux des campagnes, ſuivoient le cortége de cette divinité tutélaire. D’une main elle ſoutenoit une