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Mais jusqu’à quel point peut s’étendre le pouvoir du Gouvernement sans gêner la liberté publique ? Cette grande question ne peut être éclaircie qu’en suivant progressivement les degrés d’instruction que nous avons déjà établis, et nous la traiterons principalement sous le rapport du choix des instituteurs.

Une école municipale n’est que le supplément de cette première éducation domestique, où les mœurs et les affections s’inspirent plutôt qu’elles ne s’enseignent : un maître d’école municipale est donc un ami que le père de famille admet à partager avec lui le doux soin de l’éducation de son fils ; il doit donc avoir toute sa confiance, mériter toute son estime.

Le maître d’école ne peut donc opérer quelque bien que par la confiance qu’on lui porte ; et nulle autorité ne peut commander à ce sentiment, et s’interposer, comme juge, entre le père et l’instituteur : la force du Gouvernement ne serait pas, d’ailleurs, suffisante pour contraindre un chef de famille à confier son fils à l’homme qu’il mésestime ; ce sacrifice n’est pas de ceux qu’on peut exiger. Un Gouvernement sage doit resserrer, de tout son pouvoir, le nœud des