Page:Charbonneau - Aucune créature, 1961.djvu/120

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chériraient jusqu’à la fin de leur vie. Elles le frôlaient, le pressaient. La présence des religieuses rendait ces échanges plus dangereux. Plus passionnants aussi ! Carrel, ému de tant de ferveur, se pavanait dans un veston d’intérieur pourpre.

Georges, n’osant révéler sa présence, attendit, immobile et la tête tournée, le bon plaisir de son hôte. Celui-ci l’aperçut et se hâta de prendre congé des écolières.

— Comme c’est gentil à vous d’être venu jusqu’ici, dit-il. Je ne vois presque plus personne.

Il oubliait les groupes venus en pèlerinage, comme les couventines qu’il venait de quitter, les sociétés patriotiques, les délégations de ses commettants.

— On respecte votre solitude, répondit Hautecroix pour être poli.

— Trop ! trop ! protesta l’hôte. Autrefois, ma maison n’était jamais assez grande. Maintenant, je suis seul avec les ouvriers.

Blaise Carrel, grand vieillard glabre, au crâne dégarni, avait un regard pointu d’oiseau et parlait d’une voix de tête, au débit aigre et précipité. Sa femme, à qui il avait laissé le soin de reconduire les visiteuses, revint vers les deux hommes. Georges la voyait peu sou-