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Page:Charbonneau - Aucune créature, 1961.djvu/130

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— Nous vivons, dit-il, dans une atmosphère alourdie de rumeurs, empoisonnée par la trahison, l’hypocrisie, les mensonges. La situation devient difficile. À certains moments, on pourrait croire que quelques-uns à l’intérieur du parti mettent tout en œuvre pour détruire notre travail. On contrecarre notre action, on nous aliène les meilleurs hommes. Que se passe-t-il ? Quant à moi, je refuse de me laisser intimider. Je suis plus fort que cela.

Carrel, depuis qu’il pressentait la candidature de Georges, ne voulait plus démissionner. Certains hommes sont ainsi. Ils ne font jamais de tort qu’à leurs amis. Georges était en colère. Il se rendait compte qu’il n’avait plus rien à attendre. Carrel, manœuvré par l’aile des fossiles et des froussards, se cramponnait puérilement aux vestiges de son autorité morale. Il n’avait d’ailleurs plus la foi et se souciait peu que le mouvement pérît avec lui.

Et voilà que soudain, le visage que Georges croyait connaître lui apparut sous un nouvel aspect. Sans qu’il les eût cherchés, des souvenirs pénibles libérés par leur dernière conversation se levaient dans la mémoire de l’écrivain, se pressaient au premier rang, disputant la place à d’autres. Certains faits changeaient subitement de signification, comme dans les