Page:Charbonneau - Aucune créature, 1961.djvu/144

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appel, cette demande d’argent ne servaient-ils que de préambule à une nouvelle plus grave ? Non ! Il attendit en vain.

Il avait mille fois vécu ces émotions tumultueuses au temps de son adolescence, des premiers rendez-vous amoureux. Il avait même faussé compagnie abruptement au délégué influent d’une fondation américaine à qui il avait été recommandé, à cause d’un accès de jalousie imaginaire pour une jeune fille dont il avait oublié jusqu’au nom un mois plus tard. Ses émotions dans ces moments-là l’hypnotisaient. Il ne vivait plus.

Quand son imagination prenait cette pente, rien ne pouvait la retenir ; elle interprétait tout selon son optique, elle devenait d’une logique rigoureuse dans la folie. L’âme se débattait, se torturait, se rendait malade, se tuait de mille façon et ne ressuscitait que pour mourir de nouveau.

Georges se défendit. Il jugeait indigne de se laisser ainsi emporter à la dérive. Ses appréhensions se confirmaient rarement. Il refusa de jouer le jeu, dont il avait perdu l’habitude avec les hasards de l’amour, et réussit à atténuer l’angoisse que lui instillait sa passion menacée.