Page:Charbonneau - Aucune créature, 1961.djvu/143

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Mais ne voulant pas profaner le souvenir de Lucien, il s’excusa. Sa douleur ne l’empêchait cependant pas de revoir Sylvie ; il courut chez elle, mais elle n’y était pas. Il ne pouvait s’expliquer cette fuite de la jeune femme qui avait sûrement appris son retour. Que se passait-il dans son esprit ? Georges imagina que Colette était intervenue, qu’elle avait peut-être exigé la rupture immédiate. Le sang lui afflua au visage ; il avait maintenant la conviction de tenir la vérité. Et il se mit à interpréter une kyrielle de petits faits décousus à l’appui de cette thèse.

Le lendemain, son père lui téléphona. Il imagina aussitôt qu’il allait lui dire ce qui s’était passé. Non ! Il avait seulement besoin d’un peu d’argent. Il en parlait d’une façon indirecte et Georges fit mine de ne pas entendre sa demande. Il ne voulait pas expliquer qu’il était lui-même un peu embarrassé, que sa double vie lui arrachait jusqu’au dernier sou. D’ailleurs, son père n’aurait aucune difficulté à se procurer cet emprunt en s’adressant à Paul. Il n’avait aucun scrupule. Ils étaient ainsi dans la famille.

Mais pourquoi ne disait-il rien de Sylvie ? Pourquoi l’aurait-il fait ? Il ignorait tout de leurs relations. Ou feignait-il seulement. Son