Page:Charbonneau - Aucune créature, 1961.djvu/169

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je vais écrire ici, commença-t-il, sur une nouvelle feuille, va te faire mal, je le sais… » Si seulement Jeanne, par ses reproches, avait ouvert la brèche. Il renonça à écrire, se sentant odieux.

La vie de Georges, gravitant autour de Sylvie, en arrivait à exclure tout ce qui n’était pas la jeune femme. Pourtant, depuis qu’il avait perdu et retrouvé celle-ci, Georges ne croyait plus à l’infini de leur amour. Il ne se fixait aucun objectif lointain avec elle, mais se disait : « Voici encore un jour où elle est à moi… Dix jours se sont écoulés depuis qu’elle est revenue. Demain, nous allons nous revoir… »

De son côté, la jeune femme vivait dans l’angoisse depuis la disparition de Mayron, à la suite d’un coup de main raté, dont on le tenait responsable. Il y avait eu des morts. Abandonné par le parti, à la suite de la dénonciation de Georges dans le « National », pourchassé par les policiers, il se cachait. La jeune femme redoutait qu’il ne tentât de venger sur elle le coup que lui avait porté son amant. Déjà, elle avait reçu des lettres de menaces dont elle n’avait rien dit à Georges. Mais celui-ci, devinant son malaise, hâtait les préparatifs du départ.