Page:Charbonneau - Aucune créature, 1961.djvu/170

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Georges errait dans la salle des pas perdus. Dans quelques minutes, Sylvie serait là et ils attendraient ensemble le moment de monter à bord de l’avion. Derrière une baie vitrée, une fillette, à qui sa mère montrait le mouvement des feuilles que le vent soulevait et faisait tournoyer, leva les bras en croix, et agitant les mains, fit mine de s’envoler. Georges s’aperçut alors qu’elle souffrait d’une maladie des muscles et que ce qu’il avait pris pour un jeu n’en était pas un. Il fut profondément touché. Une dame, qui avait suivi à ses côtés le manège de la fillette, rencontra son regard et lui sourit. C’était une comédienne connue, rencontrée naguère chez Colette. Elle l’avait reconnu. Il n’eut pas l’idée de se présenter, comme il l’eût fait en d’autres circonstances, et de lui parler. Il se contenta d’imaginer ses pensées, lui rendit son sourire et se remit à marcher. Nous avons pour chacune des personnes que nous connaissons des phrases qui se présentent à l’esprit au moment de les aborder et qui servent en quelque sorte de trame à la conversation. Quand Georges aper-