Page:Charbonneau - Aucune créature, 1961.djvu/33

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chait-il de ce côté la source de ses inquiétudes, de son angoisse. Ses premières années n’avaient pas été particulièrement malheureuses. Mais c’étaient celles d’un enfant un peu débile, longtemps tenu à l’écart de la société des autres enfants, partout entouré d’étrangers et de mercenaires, qui ne se sentait en confiance avec personne. À l’école, à l’église, à la maison même, il se débattait au milieu de difficultés dont la solution lui échappait. Alors, il s’était replié sur lui-même, essayant de ne pas comprendre, allant même, dans son désespoir, jusqu’à souhaiter de ne pas grandir, de retourner à cet état où ne se posait aucun problème.

L’image de son père ne s’associait à la sienne que dans le souvenir de désordres de la nature ou de maladies.


Georges se revoit sur la table de la cuisine où on va l’opérer. Il a six ans. Son père, qu’il aperçoit à l’envers au-dessus de sa tête et ne reconnaît pas, lui retient les poignets pendant qu’une infirmière verse l’éther, goutte à gout-