Page:Charbonneau - Aucune créature, 1961.djvu/34

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te, sur un masque. Il s’est fait un point d’honneur de ne pas paraître redouter l’opération. Quand il interrogeait, c’était pour s’informer de détails techniques, jamais de la douleur ou du danger. Au moment d’entrer dans le sommeil, il a eu un spasme. Ses parents attendent dans le salon, sans paroles, priant en secret chacun de son côté… Son père l’avait ensuite porté dans sa chambre, au premier, et l’avait déposé dans son lit aux couvertures bigarrées. Une odeur d’éther imprégnait ses vêtements et envahissait la pièce où il avait fixé au mur, malgré les interdits de la bonne, des dessins d’animaux, un fanion, le portrait de sa mère. Des billes et deux livres aux couvertures fatiguées jonchaient le tapis rouge parmi les vêtements épars et les meubles bouleversés. À son réveil, l’enfant a eu un grand mouvement de tendresse. Il a serré son père très fort en appuyant la tête contre son épaule. Il n’a rien dit, mais ses yeux réfléchissaient ses sentiments. Sans doute tenait-il l’homme un peu responsable de son mal, mais par ce geste, il lui pardonnait.

Cet homme qui lui tenait les poignets sur la table d’opération était jeune, gai, dynamique, d’une imagination furibonde. Mais ce n’est pas ainsi que Georges connaissait son