Page:Charbonneau - Aucune créature, 1961.djvu/37

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trer affectueuses. Louise se jeta à son cou deux ou trois fois à son retour du bureau — ce que ses propres enfants ne faisaient pas, n’avaient jamais fait — mais elle ne tarda pas à suivre l’exemple des autres. Il en souffrit beaucoup. Peu après, l’enfant demanda à retourner chez sa mère ; on y mangeait peu, mais on n’y connaissait pas les complications sentimentales qu’elle avait rencontrées dans sa famille adoptive.

M. Hautecroix était fier de ses ancêtres, modestes hommes de loi venus au pays en 1663 et entrés dans l’histoire avec leur nom un peu bizarre et les traditions qu’il représentait. Un Hautecroix avait été élu au Parlement au lendemain de la Confédération, un autre avait été ministre. M. Hautecroix portait ce passé dans son regard, dans sa démarche, dans les coups de canne dont il faisait résonner le pavé. À cause de ces traditions, il avait d’abord contrecarré le goût de Georges pour les lettres. Non que la littérature ne fut à ses yeux une grande profession, mais à l’étranger, disait-il. Ici, d’autres tâches s’imposaient : la politique, le journalisme. Le jeune homme en avait gardé pendant quelques mois une certaine rancœur.