Page:Charbonneau - Aucune créature, 1961.djvu/50

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— Nous sommes tenus à l’écart des événements. On ne croit pas à notre compétence en dehors des livres.

— Nous avons connu les mêmes handicaps, dit le père. Ce qui a manqué aux hommes de ma génération, après l’indépendance matérielle qui va la main dans la main avec l’indépendance des idées, c’est la poussée des événements, l’intérêt public, l’effervescence que suscite l’attente, le trac qui précède l’entrée en scène…

— Il n’en va plus de même pour nous, du moins la situation s’améliore. Alors qu’est-ce qui nous manque ? La compétition dès le départ ? Un service militaire qui nous arracherait au confort de la famille ?

— Il n’y a aucun doute que la famille constitue un obstacle de taille.

Georges continua :

— Le caractère superficiel de notre éducation ? L’autocritique poussée jusqu’au masochisme et d’autre part un manque d’exigence presque impensable ?

— Un peu tout cela…

— Mais peut-être surtout le manque de responsabilités. Les cadres de la paroisse, continuant ceux de la famille, ont tendance à as-