— Il ne sera pas facile de le remplacer, dit Georges.
— Au contraire !
— Moi ?
— Personne n’est plus prêt.
— Mais tout me manque, protesta-t-il sans conviction.
Georges se sentait tenté. Son père reprit :
— À ton insu, je te prépare à ce rôle depuis le collège. Laisse-moi te conduire.
Le concept de libérateur du peuple canadien apparaissait à Georges aussi désuet, dans ces années de l’après-guerre, que la canne que son père continuait de porter comme un symbole de sa caste. Mais la vie politique l’attirait.
— Promets-moi d’aller voir Carrel, conclut son père. Tu pourrais écrire sa biographie et devenir en quelque sorte le légataire de sa pensée politique. « Nous tournons en rond, pensa Georges. Mon grand-père eut pu parler ainsi, c’était de son temps, ce n’est plus du nôtre. »
M. Hautecroix continua :
— Les jeunes, notamment le groupe dont Mayron est le chef, vont jouer un rôle dans l’élection du successeur de Carrel.