Page:Charbonneau - Aucune créature, 1961.djvu/76

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Sylvie aperçut Georges, parut un peu confuse mais lui fit un signe non équivoque de la rejoindre. Elle présenta sa compagne et le taquina d’avoir suivi son conseil. Georges riait, faisait rire ses compagnes à propos de mille riens, jouant au provincial en visite, il leur demandait d’expliquer des évidences, feignait la surprise, heurtait idées et mots et en tirait un parti de drôlerie. Autour d’eux, on parlait haut et on riait à gorge déployée.

Devant la terrasse passait une foule bigarrée, en grande partie cosmopolite. La rue Stanley est la rue de l’université, des cours du soir, des petites échoppes d’avant-garde, de l’hôtellerie du Y.M.C.A. On y aperçoit la montagne à l’extrémité nord et McGill n’en est séparé que par l’espace de deux rues. Tout conspire à y attirer et à y retenir la jeunesse et les bohèmes ainsi que de nombreux étrangers qui y retrouvent une atmosphère d’Europe centrale.

On y côtoie des jeunes filles, vêtues de pullovers noirs ou gris, en apparence peu soigneuses de leur personne, de jeunes barbus aux vestons safran, rose ou mauve, des blousons de daim en motos et des décavés en cabriolets de sport.