Page:Charbonneau - Fontile, 1945.djvu/130

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partager, il ne me laissait, dans son équivocité, que l’alternative de le transcender par un mot blessant ou d’en souffrir. À la défaillance de ma voix, aux sons rauques que j’arrachais difficilement de ma gorge elle pouvait mesurer mon embarras. Son corps qui me frôlait était comme une pelletée de braise jetée sur des fagots.


— Je ne pourrais pas aimer un homme sans ambition, dit-elle.

— J’ignorais qu’André Laroudan fût un ambitieux.

— André…

Elle se remit à rire.

— Vous êtes drôle, Julien. Vous vivez dans votre tour et quand vous descendez au milieu de nous vous êtes égaré. Venez jeudi sans Bonneville.

Puis après un silence :

— Pourquoi pensez-vous que je suis allée passer la soirée avec ma tante ?

Elle se dégagea de mon étreinte.

— Nous sommes arrivés, dit-elle.